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Où poser la tête ? 1/2


  • Villa de la Région 49, rue de Paris 97400 Saint-Denis Ile de la Réunion (map)
Torse sans tête, adieu à la tête, cette comparse
Qui toujours interfère
De sourires qui épient, le torse se passe
De paroles, ficelles qui nouent,
Renouent
Retiennent
— Henri Michaux – Où poser la tête ? (1985)

La question du portrait et de l’autoportrait fait partie intégrante de l’histoire de l’art, depuis les peintures pariétales jusqu’aux photographies de Cindy Sherman, en passant par les portraits du Fayoum, les peintures de Rembrandt, de Frida Kahlo, de Marlène Dumas, les sérigraphies d’Andy Warhol ou encore les sculptures de Stephan Balkenhol. Peu importe le support et la technique, les artistes représentent inlassablement non seulement leur propre visage, mais aussi ceux de leurs contemporains. Henri Michaux, poète et artiste, a su décrypter la nécessité de dessiner, de peindre, de sculpter, de photographier ou de filmer ses images de soi et d’autrui. Il s’attache notamment à l’analyse du dessin d’enfant. Dès notre plus jeune âge, le crayon à la main, nous traçons des formes, qui, peu à peu, se précisent et se révèlent : un rond dans lequel viennent s’inscrire ce qui s’apparente à des yeux, un nez, une bouche, des cheveux. « La trace linéaire laissée sur le papier lui rappelle quelqu’un, la mère ou le père ; l’homme déjà, l’homme représentant tous les hommes, l’homme même. »[1] Rapidement les dessins se tournent vers une forme d’autoreprésentation ou bien de représentation des autres, nos proches, des êtres connus, inconnus ou imaginaires. Par extension, le dessin génère une vision de la société et plus largement du monde. Une vision multiforme que les artistes s’emploient à poursuivre, à élargir et à préciser. Les [auto]portraits agissent par échos. Alors, l’œuvre fonctionne comme un miroir à la surface duquel l’artiste, son environnement et son histoire se reflètent.

Les [auto]portraits engagent différentes questions : l’affirmation ou bien la remise en question d’un statut (celui de l’artiste), d’une identité (artistique, culturelle, sexuelle), d’une vision critique, politique, poétique des autres et/ou de soi. Ils engendrent un ensemble de sentiments à la fois complémentaires et contradictoires : le trouble, l’identification, le rejet, la crainte, l’empathie, le doute. Pourtant, la fascination prédomine, l’irrésistible tête-à-tête entre le regardeur et le sujet provoque une pluralité de réactions. Les [auto]portraits activent une dissonance et une complexité inhérentes à la nature humaine. L’exposition Où poser la tête ? est nourrie de ses différents champs de recherche, de ces différents sentiments qui façonnent l’expérience de chacun. Le titre de l’exposition est une interrogation. Où poser la tête ? Qui suis-je ? Qui es-tu ? Comment se représenter et représenter l’autre ? Que nous disent les portraits et autoportraits ? Comment se positionner dans le monde ? Comment les genres du portrait et de l’autoportrait participent à une volonté de résistance et de revendication ? De nombreuses questions posées à travers une sélection d’œuvres produites par vingt-six artistes qui ouvrent le champ de la représentation de soi et de l’autre entre l’Afrique, la zone Océan Indien, l’Asie et l’Europe. Les œuvres formulent un dialogue où les regards politiques et poétiques se croisent et s’entrechoquent selon différents axes de réflexion : le portrait – la réactualisation d’un genre traditionnel, l’archive, le corps politique, l’intime, le masque et la performativité de soi. Les œuvres attestent d’une ambiguïté constante et d’une pluralité (des formes et des discours) nourrie de mouvements et de perturbations. Les problématiques politiques traversent l’exposition en questionnant les identités, l’histoire, la mémoire et le genre. Qu’ils soient traités de manière directe ou indirecte, les portraits et les autoportraits traduisent un mouvement, celui d’une performance continuelle des corps, des identités et des idées.

[1] MICHAUX, Henri. « Essais d’enfants dessins d’enfants » in Déplacements dégagements. Paris : Gallimard, 1985, p.58.

 

Malala Andrialavidrazana – Giulia Andreani – Soleïman Badat – Sammy Baloji – Valérie Belin – Jimmy Cadet – Denis Darzacq – Oleg Dou – Thierry Fontaine – Samuel Fosso – Esther Hoareau – Stéphanie Hoareau – Pieter Hugo – Pascal Lièvre – Myriam Mihindou – Zanele Muholi – ORLAN – Yohann Quéland de Saint Pern – Rina Ralay-Ranaivo –  Moussa Sarr – Mary Sibandé – Pascale Simont – Abel Techer – Marc Turlan –  Kimiko Yoshida – William Zitte.

Commissariat / Julie Crenn

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Lumières d'Afriques
Later Event: February 18
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